La couleur d’un revêtement ne relève pas seulement de l’esthétique. Dans le cadre de la construction d’un court de tennis à Rouen destiné à un public malvoyant, le choix des teintes devient un enjeu fonctionnel. En effet, les contrastes visuels jouent un rôle déterminant dans la perception de l’espace, la sécurité des déplacements et la lisibilité du terrain. Mal choisis, les coloris peuvent créer de la confusion. Bien pensés, ils rendent le court lisible, intuitif et accessible.
Pourquoi le contraste est-il indispensable pour les malvoyants ?
Les personnes malvoyantes ne sont pas toutes non-voyantes. La majorité perçoit encore la lumière, les formes ou les couleurs selon différents niveaux. Un bon contraste leur permet de :
- Délimiter les bords du terrain.
- Suivre les lignes de jeu.
- Distinguer les zones de circulation.
- Éviter les collisions ou les erreurs d’orientation.
Ainsi, chaque zone du court doit être identifiable au premier coup d’œil, même en cas de vision réduite. En outre, le contraste visuel facilite aussi l’usage du terrain pour les autres : enfants, seniors, personnes distraites. Il améliore la sécurité globale. En résumé, optimiser les contrastes, c’est inclure sans exclure.
Quelles teintes sont à privilégier pour la surface de jeu ?
Le revêtement principal, c’est-à-dire la surface de jeu, doit avoir une couleur uniforme, sombre et mate. En effet, les couleurs sombres offrent un meilleur fond visuel pour les lignes blanches. Les choix recommandés sont :
- Bleu foncé.
- Vert olive.
- Gris anthracite.
- Rouge brique (avec réserves).
Le bleu foncé est très utilisé car il maximise la visibilité des lignes blanches et réduit les reflets. Il est d’ailleurs recommandé dans les compétitions internationales. Le vert olive, plus naturel, s’intègre mieux dans un cadre paysager. Le gris donne un bon contraste mais peut manquer de chaleur visuelle. Le rouge, quant à lui, fonctionne surtout si les lignes sont d’un blanc très pur. Ainsi, chaque teinte doit être choisie en lien avec l’éclairage, l’environnement et le niveau de vision attendu chez les utilisateurs.
Et pour les lignes : quelle couleur adopter ?
Les lignes doivent se détacher très clairement du fond de terrain. La norme FFT prévoit un blanc uniforme. Pour les malvoyants, il faut :
- Un blanc éclatant (RAL 9016 ou 9010).
- Une épaisseur minimale de 5 cm, voire 7 cm si possible.
- Une texture légèrement rugueuse pour limiter les reflets directs.
Évitez absolument les lignes beiges, crème, ou délavées par le temps. Si les lignes sont trop proches du ton du sol (ex : blanc cassé sur fond beige), elles deviennent inefficaces. En outre, il est utile de repeindre les lignes régulièrement, car leur lisibilité diminue avec l’usure. En résumé, la lisibilité des lignes dépend à la fois de leur teinte, de leur largeur et de leur entretien.
Quelles couleurs pour les zones périphériques du court ?
Les abords du terrain (circulations, zone d’attente, accès) doivent se distinguer nettement de la surface de jeu. Cela permet aux malvoyants de savoir immédiatement s’ils sont « dans » ou « hors » du terrain. On recommande :
- Du vert clair si le terrain est bleu foncé.
- Du gris clair si le terrain est vert ou rouge.
- Du beige clair si le terrain est gris.
Le contraste doit être supérieur à 70 % selon la norme d’accessibilité (calcul basé sur la luminance des surfaces). En plus, les revêtements périphériques doivent être légèrement plus texturés ou granuleux. Cela permet un repérage tactile avec les pieds ou la canne blanche. Enfin, ces zones peuvent inclure des repères visuels (pictogrammes, symboles, marquages simples) pour guider les déplacements.
Faut-il uniformiser les teintes sur l’ensemble du site ?
Pas forcément. L’uniformité des couleurs peut nuire à la lisibilité. Il vaut mieux jouer sur les contrastes progressifs. Par exemple :
- Le terrain = bleu foncé.
- Les lignes = blanc vif.
- L’accès = vert clair.
- La zone de repos = gris clair.
Chaque zone a ainsi une fonction visuelle distincte. Cela aide à structurer l’espace dans l’esprit de l’usager malvoyant. De plus, ces distinctions renforcent l’esthétique globale et facilitent la maintenance. En effet, un revêtement sale ou endommagé sera plus vite détecté s’il contraste bien avec les autres surfaces.
Quelle peinture ou revêtement utiliser pour garantir la tenue des couleurs ?
Un bon contraste visuel ne doit pas s’altérer au bout de six mois. C’est pourquoi le choix du produit de finition est essentiel. Pour les courts extérieurs, les produits les plus utilisés sont :
- Peintures acryliques bicouches (avec finition mate).
- Résines texturées antidérapantes (tenue supérieure).
- Sols synthétiques teintés dans la masse (pour les zones périphériques).
Il est important que la peinture soit spécialement conçue pour les terrains sportifs, avec résistance aux UV, à l’humidité et à l’abrasion. De plus, un vernis protecteur incolore mat peut être appliqué sur les lignes pour prolonger leur éclat sans les rendre glissantes. En résumé, un bon contraste ne tient pas seulement à la couleur, mais aussi à la qualité du produit utilisé.
Que dit la réglementation en matière de contraste visuel ?
En France, la loi du 11 février 2005 sur l’accessibilité impose que les éléments structurants soient perceptibles visuellement. Cela concerne :
- Les circulations piétonnes.
- Les mobiliers.
- Les accès.
- Les surfaces sportives.
Même si la règlementation spécifique au tennis ne détaille pas les couleurs recommandées, elle oblige à garantir la lisibilité des espaces. En cas de contrôle ou de contentieux, l’absence de contraste clair peut être considérée comme une non-conformité. Il est donc préférable d’anticiper avec des choix sûrs, validés par une étude d’accessibilité ou un conseil spécialisé. À Rouen, cela peut être supervisé avec l’aide du CAUE ou d’un architecte-conseil.
Est-il possible de corriger un mauvais contraste sur un court existant ?
Oui, tout à fait. Il est possible de réhausser les contrastes sans refaire tout le revêtement. Voici quelques solutions concrètes :
- Repeindre les lignes en blanc pur, plus épais.
- Ajouter des bordures colorées autour de la surface de jeu.
- Changer la couleur des zones de circulation avec des résines teintées.
- Appliquer des bandes de contraste autocollantes ou en résine.
Ces travaux sont rapides et peu coûteux. De plus, ils n’interrompent pas l’usage du terrain plus de 24 à 48 h. Ainsi, même un site ancien peut retrouver une bonne lisibilité sans gros chantier. En conclusion, le contraste visuel peut toujours être amélioré, quel que soit l’âge du court.


















